Nina de Villard de Callias : une mondaine aux Epinettes

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La dames aux éventails - 1873  Edgar Manet

Nina de Callias (1843 - 1884) ou Anne Marie Gaillard ou Nina de Villard de Callias ou Nina de Callias, c'est selon est fille de bourgeois lyonnais. Elle épouse, jeune, Hector de Callias, journaliste au Figaro et écrivain. Elle s'en sépare bien vite. Jeune, riche, libre elle mène alors une vie de mondaine cultivée, recevant dans son salon du 17 de la rue Chaptal, lors de banquets artistiques des jeunes poètes  - les Parnassiens - des journalistes républicains opposés au régime autoritaire du Second Empire, des peintres.

Se retrouvent régulièrement chez elle Villiers de l'Isle Adam, Verlaine, Anatole France et Charles Cros avec qui elle entretient une longue liaison passionnée. C'est elle le modèle d'Yvette, une nouvelle de Guy de Maupassant publiée en 1884.

La guerre franco-allemande de 1870 et surtout la Commune de 1871 provoquent une rupture décisive dans la vie de la jeune femme qui, craignant la répression, se réfugie à Genève pendant trois ans.

 

Triste retour d'exil

Quand elle revient d'exil, la France a changé, et tout change aussi pour elle. Quelque peu oubliée et un peu ruinée, elle doit quitter sa belle demeure de la Nouvelle Athènes pour s'installer dans une demeure bien plus modeste, aux Epinettes, rue des Moines. Quartier secret, de réputation discutable - les "fortifs" ne sont pas loin - mais relié au centre de Paris par la ligne omnibus Odéon - Batignolles - Clichy. Elle habite alors un petit hôtel particulier de briques et de moellons s'ouvrant sur un jardin auquel on peut aussi accéder par le 17 rue des Appenins. Et c'est là qu'elle reconstitue son salon. Mais les anciens Parnassiens qu'elle avait soutenus et qui maintenant sont devenus des célébrités la boudent. Il ne lui reste que quelques fidèles du temps d'avant : Charles Cros, bien sûr, Villiers de l'Isle Adam, Léon Dierx. Cependant, ces temps nouveaux font émerger de nouveaux talents - Forain, Franc-Lamy, Germain Nouveau qui viennent très régulièrement chez elle trouver la liberté de création et la fête. Elle s'entoure d'anti conformistes, de ceux qui formèrent le "Cercle des  Hydropathes" qui rencontrent les "Ninistes" et ceux qui sont à l'origine du mouvement symboliste.

 

Une femme d'importance

La voilà redevenue femme d'importance...mais en marge de la bonne société. Fatiguée, usée par les nuits blanches, la fête et l'alcool, elle perd peu à peu la raison et meurt en 1884.

Un biographe de Manet a dit d'elle que " c'était une musicienne distinguée qui ajouta à ses succès de pianiste et de compositeur des succès de poète ". Manet a beaucoup fréquenté son salon et l'a peinte en Odalisque portant blouse algérienne et babouches. C'est bien de Nina qu'il fait le portrait. Elle porte une jupe de velours noir, un bibi coquin, elle est étendue élégante et songeuse. C'est la "Dame aux éventails". En 1930, Berthe Morisot fera don du tableau aux Musée Nationaux.

 

Montmarte vu de la cité des Fleurs

Le tableau "Montmartre vue de la Cité des fleurs" peint par Sisley montre Montmartre, évidemment, mais de très loin.

On reconnaît la colline par les moulins à vent. C'est Paris. Mais Sisley n'aurait-il pas voulu peindre de la campagne dans Paris ? Et là, il a peint les Epinettes, lieu champêtre entre la ville et le tumulte industriel, plus au nord, qu'on longe par l'avenue de Clichy déjà lotie d'immeubles de belle allure avec leurs pans coupés quand ils font angle avec une rue adjacente. Passées ces bourgeoises et confortables bâtisses, on s'enfonce dans des rues soudainement calmes, souvent longées d'immeubles plus anciens, de trois ou quatre étages, aux façades romantiques. On y voit des volets, des corniches, comme dans les maisons particulières.

Et les maisons particulières ne manquent pas. C'étaient des maisons de campagne pour des bourgeois, pas pauvres, pas riches, en quête de bon air ou bien des asiles de calme et de création pour des écrivains, des peintres des poètes qui peuvent trouver là des loyers encore moins chers qu'aux Batignolles.

Des Parisiens qui n'ont pas peur des classes laborieuses qu'on dit dangereuses, si proches. Ainsi, celle de Nina de Callias, rue des Moines au n°82 - maintenant dans un tronçon de rue aux façades austères - et qui fut, à la fin du XIXe siècle, un lieu recherché de l'avant garde littéraire qui aimait à se retrouver dans son salon.

Françoise Lesueur

Date de publication : 
5 janvier 2015