La cohabitation entre les pistes cyclables et les bus ne se fait pas sans heurts. En témoignent les difficultés rencontrées par la RATP pour ce qui concerne l’installation des abribus. L’arrêt de bus source de danger routier ?
C’était un abribus, bien banal, en haut de l’avenue de Saint-Ouen, station La Fourche du côté du XVIIIe, descendant vers la porte de Saint-Ouen. Il marquait l’arrêt du bus 81 (qui ne deviendra bus 21 qu’au printemps 2019 et cette histoire commence avant 2019).
C’était un abribus comme beaucoup d’autres, offrant le double avantage d’abriter les voyageurs en attente et d’indiquer précisément le temps d’attente : le pendant de l’arrêt du 81 côté XVIIe, juste en face. Et cela fonctionnait vaille que vaille. Avec mon Caddie, je vais au marché entre Guy-Môquet et rue Leibniz et je me propose de prendre le bus. Si le temps d’attente annoncé est de 3 ou 4 minutes, j’attends. S’il est de 8 ou 10 minutes, j’y vais à pied, d’autant que ça descend !
Vaille que vaille, pendant des années.
Mais voici que l’abribus est squatté en permanence par un personnage alcoolisé, vociférant, menaçant. Pas le SDF comme on en voit mais de ces personnes dont la présence dans la rue témoigne de la misère des hôpitaux psychiatriques. Cela dura des mois.
Pour mettre fin à cette nuisance objective à la tranquillité des habitants et des usagers des bus, que croyez-vous qu’il arriva ? C’est l’abribus qu’on enleva.
Aux usagers les frimas. Et plus moyen de connaitre le temps d’attente.
Nous alertâmes le service de la RATP, pas facile à identifier. Accueil courtois, mais rien ne changea. Nous alertâmes des élus municipaux, jusqu’au député. Rien ne changea pourtant.
Cela dura bien quatre années.
A la fin de l’été 2022, bonheur ! L’abribus est réinstallé, protégeant de l’ardeur du soleil, indiquant le temps d’attente du bus désormais 21.
Oui mais pour, du trottoir, rejoindre l’abribus, il faut traverser la piste cyclable en double sens. Double sens, double danger !
Traversées à risques !
Dans notre quartier et sur les avenues de Clichy et Saint-Ouen, soumises depuis juin 2020 aux remaniements de la voierie au profit des deux-roues (et tant pis pour les bus et leurs usagers), différentes configurations sont apparues pour les arrêts de bus.
Station Ganneron, au sud de La Fourche (bus 21,54,74) le bus s’arrête le long d’une étroite plate-forme mais l’abribus a été laissé sur le trottoir, peut-être pour que les vendeurs à la sauvette continuent à s’y adosser… Mais là aussi, les usagers doivent traverser la piste double-sens.
Station Guy-Môquet, un abribus a bien été installé sur une plate-forme au-delà de la piste cyclable, comme à La Fourche mais l’ancien abribus a été maintenu au bord du trottoir, occupé depuis des lustres par une SDF.
Quelles que soient les déclinaisons des aménagements consécutifs à la mise en place des voies pour deux roues, le trait commun est l’obligation pour les usagers des bus de traverser la double piste cyclable – trotinettable, avec force dangers.
Si nos cyclistes et trotinetteurs grillent le feu rouge à qui mieux mieux, ce n’est pas pour stopper leur élan quand un usager du bus (pouah !) une usagère souvent, s’apprête à traverser pour rejoindre l’abri retrouvé.
Qu’importe le piéton, pourvu qu’on ait l’ivresse de la vitesse !
Des voix s’élèvent pour exiger des services de la voirie un aménagement type « gendarme couché » destiné à ralentir la vitesse des vélos et trottinettes, spécialement dans la descente (voire dans la montée avec la multiplication des vélos électriques). Seront-elle entendues ?
Philippe LImousin