Septembre 2022 : la rue Davy fête ses 20 ans

Le jour de ses 20 ans, La rue Davy sortit les parapluies.

Ce ne fut pas une pluie diluvienne. Il ne tomba pas des hallebardes. Juste de quoi méditer ces quelques vers d’Aragon, notre poète du jour :

 

« Je peux bien dire qu’il fait beau

Même s’il pleut sur mon visage

Croire au soleil quand tombe l’eau… ».

 

L’eau tomba en effet mais n’en tenons pas rigueur à notre camarade Soleil qui nous accompagna dix-sept années sur vingt.

Depuis vingt ans, La rue Davy vit sa vie, loin des avenues prétentieuses et des boulevards bruyants.

Depuis vingt ans, La rue Davy vit sa vie loin des sponsors et des subventions.

Depuis vingt ans, un jour de septembre, La rue Davy époussette ses trottoirs, nettoie ses caniveaux et repousse les voitures hors de chez elle d’un petit coup d’épaule. Depuis vingt ans, un jour de septembre La rue Davy accueille ses copains, ses amis, ses fidèles, ses  amoureux aussi, tous ceux que la poétique de rue séduit encore, loin des écrans, des clics, des double-clics et du consumérisme.

 

20 ans est un bel âge dit-on, l’âge de la pleine jeunesse et de l’avenir devant soi. Mais pour La rue Davy et sa fête du livre c’est une jeunesse déjà vieille.

Pourtant, ce frêle esquif ne semble pas atteint par l’empreinte du temps. Du moins pas encore…

Il flotte bon gré mal gré une fois l’an sur cette onde urbaine ridée de vaguelettes de livres et de poèmes aux embruns si particuliers.

Il aurait pu se faire qu’une vague énorme, une déferlante à l’image de celle d’Hokusai engloutît la petite embarcation ou bien aurait-elle pu sombrer d’elle-même sans bruit, usée par le temps, ne laissant à la surface du macadam que quelques cercles concentriques qui n’auraient été bientôt qu’un lointain souvenir.

Mais rien de tout cela n’arriva et pour l’heure: « Fluctuat nec mergitur ».

Et si les rameurs d’il y a vingt ans ont pris de l’âge comme on dit, et quelques cernes autour des yeux, d’autres sont là pour reprendre les avirons, de l’énergie plein les bras et des idées plein la tête. Ils sont fin prêts à continuer pour vingt autres années ne redoutant ni la vague d’Hokusai, ni l’usure du temps, ni de cingler gaillardement à contre courant.

Puisse notre petite chaloupe voguer encore longtemps à la lueur des lamparos de l’estime et de l’amitié, loin des sunlights, et ne jamais manquer ce rendez-vous du quartier un beau samedi de septembre.

À bientôt donc, en septembre 2023.

Bruno Godard

Date de publication : 
10 décembre 2022