Un collectif pour sauvegarder les petites maisons du quartier

Message d'erreur

Deprecated function : Optional parameter $path declared before required parameter $langcode is implicitly treated as a required parameter dans include_once() (ligne 1439 dans /var/www/vhosts/declic1718.org/httpdocs/includes/bootstrap.inc).

Le Collectif Epinettes Batignolles a pour objet de sauvegarder ces petites maisons typiques du XIXe siècle contre tout projet qui en altérerait l’intégrité, qui pourrait nuire à l’harmonie des façades des rues ou qui contribuerait à hyperdensifier ces quartiers. Son président, Patrick Rollot, répond aux questions de déCLIC17/18.

 

Véritables villages au sein du XVIIe arrondissement, les quartiers des Batignolles et des Epinettes regorgent de petites maisons et immeubles modestes. Ils sont à la fois les vestiges d'une époque et des ilots de fraîcheur dans des quartiers où l’on profite de la moindre parcelle disponible pour construire de façon effrénée.

Ce patrimoine fragile et très recherché est menacé. Menacé par des appétits féroces.

La loi Alur de mars 2014 a supprimé le COS (Coefficient d’Occupation des Sols) qui obligeait jusque-là les constructeurs à respecter un ratio de 3 pour 1 (à savoir la construction de 3m² habitables sur 1m² de terrain). L’APUR estime que près de 12 % des parcelles de la capitale représentant 8,2 % du parc immobilier (soit 11 520 immeubles) pourraient être rehaussées de quelques étages.

La mairie de Paris et des promoteurs immobiliers spécialisés dans la surélévation d’immeubles sont partis à la chasse des « dents creuses » que sont les vides laissés dans leur hauteur par un bâtiment absent ou moins haut que ses voisins. Il peut aussi s’agir d’une parcelle ou d’un ensemble de parcelles non-bâties dans un tissu urbain dense qui est déjà construit.

Des propriétaires et des copropriétés éligibles sont de plus en plus sollicités pour vendre leur droit à construire en échange d’un bénéfice substantiel.

D’autres propriétaires préfèrent vendre n’ayant plus les moyens de rénover un immeuble dégradé.

A l’instar de SOS Paris qui œuvre pour la défense du patrimoine architectural et du cadre de vie, un collectif de sauvegarde des maisons faubouriennes des Batignolles et des Epinettes s’est constitué il y a quelques mois.

Patrick Rollot, un habitant du XVIIe arrondissement, amoureux de son patrimoine et fin connaisseur de son histoire est à l’origine de ce collectif. Il a répondu à nos questions.

 Vous êtes le président du Collectif Epinettes Batignolles. Comment est née cette initiative ? Quel est le but de ce collectif ?

Patrick Rollot. J’avais lu sur les réseaux sociaux les messages d’alerte de plusieurs habitants de l’arrondissement concernant des maisons faubouriennes menacées par des opérations immobilières. Je leur ai proposé une rencontre et, selon l’adage que l’union fait la force, nous avons décidé de créer ce Collectif pour mobiliser riverains et élus.

Le Collectif Epinettes Batignolles a pour objet de sauvegarder ces petites maisons typiques du XIXe siècle contre tout projet qui en altérerait l’intégrité, qui pourrait nuire à l’harmonie des façades des rues ou qui contribuerait à hyperdensifier ces quartiers.

Très concrètement, ce que nous voulons éviter c'est d’une part la démolition de ces « dents creuses » qui laissent passer l’air et la lumière au cœur des pâtés de maison et d’autre part leur remplacement par des constructions souvent très laides qui détruisent l'harmonie d'une rue, tels le 113 rue Legendre ou le 53 rue Boursault. Notre combat est donc bien autant patrimonial qu’environnemental.

Le collectif Epinettes Batignolles a-t-il déjà alerté sur des projets de nouvelles constructions ou de surélévations ?

Les membres de notre Collectif sont très attentifs à tout projet de démolition/reconstruction ou de surélévation dans nos rues et nous avons pu ainsi récemment, avec le soutien de la mairie du XVIIe et de la Commission du Vieux Paris, contribuer à repousser un projet de construction à la place d’une maison à l’angle des rues Lemercier et Legendre. Nous suivons de près d’autres projets en cours que nous étudions au cas par cas.

 

Comment lutter contre la politique de surélévation des immeubles prônée par la mairie de Paris ? Quels sont les moyens pour s’opposer à un permis de construire ?

Dans une ville déjà saturée comme Paris, septième ville la plus dense au monde, la pression immobilière, en particulier en matière de logements sociaux, et les prix du foncier poussent la Ville comme les promoteurs à chercher toutes les solutions possibles pour créer des logements, ou des bureaux. Ils considèrent chaque « dent creuse » comme étant disponible à combler alors que, par exemple, le conseiller de Paris EELV du XVIIIe Emile Meunier propose de les considérer comme de précieux espaces de respiration à préserver dans la ville.

Pour nous y opposer, nous effectuons une étude précise des demandes de permis de construire pour vérifier leur compatibilité avec le PLU (Plan Local d’Urbanisme). Nous entamons également un dialogue avec promoteurs et élus pour déterminer au cas par cas s’il est souhaitable ou non d’accepter des projets.

Il faut souligner que le maire du XVIIe arrondissement, Geoffroy Boulard et sa majorité ont voté un vœu en faveur de la protection du patrimoine bâti parisien et de la limitation des surélévations. L’appel du premier adjoint en charge de l’Urbanisme à la Mairie de Paris, Emmanuel Grégoire, à davantage de concertation entre promoteurs et riverains va également dans le bon sens.

 

Des synergies sont-elles possibles avec d’autres associations de défense du patrimoine ?

Nous avons tout de suite souhaité créer des liens avec de nombreuses associations telles que France Nature Environnement Paris, SOS Paris, Histoire & Patrimoine de Paris XVIIe, le Collectif Protégeons Montmartre, etc. Car il est absolument essentiel de travailler en réseau avec d’autres structures qui défendent aussi bien notre patrimoine que l’environnement, tous deux liés à notre qualité de vie. En effet, comme l’écrivait l’une d’elles, si une ville doit vivre et évoluer, la préservation de notre patrimoine préserve notre avenir.

Ces liens permettent de partager nos expériences, nos contacts, nos expertises, de donner aussi une caisse de résonnance à chacun de nos combats, d’informer plus largement ou encore de faire plus efficacement pression le cas échéant sur les élus.

 

Une révision du PLU (Plan Local d’Urbanisme) parisien est en cours, qu’en attendez-vous ?

La Mairie de Paris ayant souhaité qualifier ce futur nouveau PLU de « bioclimatique », nous en attendons donc naturellement de nouvelles règles venant protéger ces petites maisons faubouriennes. Une fois encore, si nous sommes attachés à leur valeur patrimoniale il est démontré que ces « dents creuses », en contribuant à faire mieux circuler l’air dans la ville, ont de réels effets environnementaux contre les ICU (ilots de chaleur urbains) qui rendront nos villes invivables avec les évolutions climatiques déjà engagées. De même, l’accès à la lumière en ville reste une nécessité sanitaire absolue, ces petites maisons basses y contribuent également.

Nous sommes de plus en plus nombreux à penser qu’on ne doit plus construire à Paris, déjà beaucoup trop dense. Les solutions sont donc d’envisager ces questions au niveau du Grand Paris ou de la région et non seulement de la Ville, de transformer des bureaux en logements, de donner accès aux logements vacants, d’autoriser ponctuellement certaines surélévations et surtout de favoriser le retour d’activités économiques dans les régions afin de permettre à leurs habitants d’y rester et de faire ainsi baisser la pression immobilière sur les grandes métropoles.

Face aux nombreuses fautes commises lors de la précédente mandature, ce PLU « bioclimatique » à venir est une chance pour pouvoir préserver durablement la qualité de vie des Parisiens, nous ne comptons pas la laisser passer !

Propos recueillis par Vito d’Alessandro

Date de publication: 
30 août 2022