Hippolyte Debroise, martyr et symbole des Epinettes

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L'église Pouchet, au cœur de la paroisse des Epinettes
L'église Pouchet, au cœur de la paroisse des Epinettes

L’église Saint-Joseph des Epinettes, construite rue Pouchet en 1909, a incorporé dans ses fondations un fragment de la chemise ensanglantée d’Hippolyte Debroise « assassiné en haine de la foi ». Voici son histoire,

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Nous sommes au début du XXe siècle. Un fait divers dramatique – l’assassinat d’Hippolyte Debroise - qui fait la une des journaux catholiques - provoque une émotion considérable et marque profondément les Epinettes. La victime, un jeune ouvrier employé au secteur électrique de la rue des Batignolles, devient le symbole de la lutte contre l’anticléricalisme qui règne alors en France.

 

La paroisse Saint Joseph se réunit pour la Fête-Dieu

Nous sommes le 2 juin 1907, c’est la Fête-Dieu. Tous les ans, à la même époque, l’abbé Firmery, qui dirige le patronage de la paroisse Saint Joseph, 38 rue des Epinettes, emmène environ deux cents jeunes gens de la paroisse dans la propriété de M. de Séligny, à Dugny, petit village situé près de Saint-Denis.

Après le déjeuner, une procession est organisée dans les allées du parc de Séligny. Une collation, puis on grimpe à bord de trois grandes tapissières, sortes de grands omnibus ouverts sur les côtés, et c’est le retour vers le quartier des Epinettes. Quelques jeunes en bicyclette sont partis devant le convoi. 

 

Un affrontement musclé

Près du Bourget, l’avant-garde du joyeux cortège aperçoit une trentaine d’hommes qui rentrent de la fête communale de Dugny. Il semble que ce sont ces mêmes individus qui leur ont lancé quelques pierres pendant la procession. Ils sont ivres, agressifs et certains sont armés de revolvers. Ils tentent de faire tomber les cyclistes. Des morceaux de bois volent. Des coups de feu partent sans atteindre personne. Les tapissières arrivent quelques minutes plus tard.

Les insultes redoublent. On entend : « V’là la calotte ». Le convoi s’arrête, l’abbé Firmery demande des explications et cherche à apaiser les esprits. Une bagarre se déclenche. Certains agresseurs sortent leurs armes. Un jeune du patronage, M. Huchet essaie de désarmer un assaillant. Il est blessé à la main.

L’abbé est atteint à son tour. Derrière lui, une balle perdue touche le jeune Hippolyte Debroise en pleine poitrine. La fusillade attire les passants, les agresseurs fuient. Certains sont reconnus et arrêtés.

 

Un drame où l’alcool est présent

Qui sont réellement ces hommes ? Simplement des « boit-sans-soif » comme on dit alors ? Des « Apaches » ? Ces voyous qui écument les faubourgs ? Des anarchistes ? Des « anti-calottes » ? Les journaux d’alors les nomment selon leur sensibilité « politique ».

La presse libre-penseuse, par exemple, parle d’un drame provoqué par de jeunes ouvriers désœuvrés et ivres. Le malheureux Debroise est transféré à l’hôpital Lariboisière où il s’éteint quelques heures plus tard. Il a tout juste 20 ans et demeure 58 rue de la Jonquière.

 

Une foule énorme assiste aux obsèques

Les obsèques ont lieu à Saint-Michel des Batignolles en présence d’une foule énorme. Les étudiants catholiques des facultés et des grandes écoles s’y rendent nombreux. Tous les patronages de garçons de Paris et de la banlieue, au nombre de 180, sont représentés.

Le cortège funèbre passe avenue de Clichy puis par la rue de la Jonquière pour se rendre enfin au cimetière des Batignolles où a lieu la mise en terre. Une souscription destinée à financer un monument commémoratif est lancée en hommage à la victime.

Sur sa tombe, dans la huitième division du cimetière, un médaillon le représente entouré de lys et surmonté d'une grande palme que domine une croix fleurie. Pour le concevoir, l'artiste, M. Aubey, s’inspire d'une phrase du discours que Mgr Amette, coadjuteur de l’archevêque de Paris, a prononcée à la cérémonie des funérailles : « Ce sont les victimes innocentes qui sauvent les nobles causes, et l'Eglise a toujours fleuri dans le sang des martyrs. » La cérémonie est l’occasion pour le clergé de fustiger l’anticléricalisme ambiant à l’origine de cette tragédie. Debroise avait été assassiné « en haine de la foi ».

Vito d'Alessandro

Date de publication : 
14 janvier 2018