Bazille : un fils de famille peint aux Batignolles

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Jean-Frédéric Bazille "Réunion de famille, 1867, Musée d'Orsay, paris
Jean-Frédéric Bazille "Réunion de famille", 1867, Musée d'Orsay, Paris

Bazille un peintre de la lumière montera à Paris pour le grand bonheur des impressionnistes. Il disparaîtra malheureusement en 1870 à l'âge de 29 ans. Il s'était engagé dans un régiment de zouaves. Affecté à l'armée de la Loire, il est tué à Beaune-la Rolande.

 

Dans une lettre écrite en 1867, Frédéric Bazille écrit à son père : « Je vais définitivement changer d'atelier, quoi que dise maman, je n'ai pas assez de place rue Visconti. J'ai loué un immense atelier aux Batignolles. Il coûte 200 F de plus, mais l'expérience du mois que je viens de passer me prouve que je peux supporter un surcroît de dépenses... Dis-moi, je te prie, où je trouverai de l'argent le mois prochain. Que maman ne s'effraie pas, les Batignolles sont un quartier tranquille, où l'on dépense moins d'argent que pour vivre dans l'intérieur de Paris ».

 

Fils d'une famille de notables

C'est la lettre d'un fils de famille, d'une famille de notables protestants de Montpellier. Son père, propriétaire de vignes est lié à la gestion de la cité, Bruyas, un proche, est un banquier collectionneur. A force de contempler les œuvres de Corot, Courbet, Delacroix, Frédéric finit par prendre goût à la peinture. Quant à son cousin Louis, auquel il est très lié, il recherche, en bon marchand de tableaux, des Dürer, des Lucas de Leyde, des Mantegna.

Bien installé à Paris, Frédéric lui donnera des conseils avantageux. Ce jeune homme est destiné, milieu bourgeois oblige, à la médecine. Il poursuivra, de loin, ses études pendant trois ans. En 1862, il part à Paris, alors la capitale des Arts. Ainsi, le carabin s'inscrit-il à la faculté et... à l'Académie des Beaux-Arts dans l'atelier de Charles Gleyre où il rencontre et se lie d'amitié avec Monet, Renoir, Sisley. Tous admirent Manet, sans réserve, le peintre de l'Olympia : un sacré scandale auprès de l'Académie en 1865. La rupture est inévitable. Elle est double. Rupture avec le monde des « Beaux-Arts », quand en 1863 il quitte l'atelier de Gleyre, avec Monet ; avec la tradition familiale quand en 1864 son père lui permet de se consacrer à son art.

 

Les Batignolles, capitale des Arts

Désormais Parisien, en 1865, il loue un atelier rue de Furstenberg (peinture au Musée Fabre à Montpellier), puis au 20 rue Visconti (peinture Richmond-Virginia Museum of Fine Arts), enfin, en 1868, rue de la Paix devenue rue La Condamine, n°9. Aux Batignolles.

Les Batignolles ne sont pas au centre de Paris : elles furent rattachées à Paris en 1860. C'est encore un peu la campagne avec des petites maisons discrètes, des jardins dissimulés derrière des immeubles neufs, des guinguettes, des tonnelles où déguster du vin blanc pas cher à faire danser les chèvres. La gare Saint-Lazare n'est pas loin. Elle est le symbole du monde moderne, du mouvement, de l'évasion vers les bords de Seine entre Argenteuil et Bougival et plus loin même, vers Rouen et Le Havre, Honfleur, la côte normande ensoleillée et nacrée.

Mais les Batignolles sont un lieu reconnu de la capitale des Arts. Nombreux sont les artistes, célèbres ou non, vivant à Montmartre, boulevard de Clichy, Plaine Monceau. Au 35 rue de Rome, s'est ouverte la galerie du jeune marchand de tableaux Durand-Ruel, admirateur de Courbet et de Corot que fréquentent tous les jeunes peintres qui critiquent l'Académisme. Au 11 avenue de Clichy, chez Hennequin « maison fondée en 1830 » on trouve tout le matériel pour artistes. On peut encore voir cette enseigne en mosaïque avec sa palette et ses pinceaux entrecroisés... Enfin, où trouver plus facilement de beaux modèles, pas chers qui, entre deux poses fréquentent les bals et lieux de plaisirs de Montmartre et de l'avenue de Clichy ?

 

Un atelier rue La Condamine

L'atelier idéal. Bazille, dans son nouvel atelier pourra créer, exposer, recevoir, vendre ses œuvres et celles de ses amis, surtout celles de Monet qui est dans le besoin. On peut le « visiter » puisqu'il l'a peint en 1870, c'est « l'Atelier de Bazille » exposé au musée d'Orsay. Au cœur du lieu, une vaste pièce, haute de plafond, ouvertes sur l'extérieur par une grande verrière laissant passer la lumière subtile du ciel de Paris ou « la flamme généreuse des rayons du soleil » (Zola, l'Œuvre 1886) que tamisent de sombres tentures. Le peintre y entasse les tableaux terminés ou inachevés, accumule le matériel de peinture. Il y a des fauteuils pour accueillir les amis et les clients, un piano pour l'ami musicien et l'indispensable: un poêle rougeoyant réchauffe les lieux, les modèles et le café. Frédéric Bazille a partagé son atelier avec Renoir « compagnon fort gai » et Monet. Le 5 avril 1869, Bazille écrit à sa mère : « J'ai en ce moment chez moi, Monet, plus malheureux que jamais, sa famille est pour lui d'une avarice honteuse... »

Pas loin, le café Guerbois. Emile Zola dans « l'Œuvre », décrit l'autre vie des compères, la bohème, celle où l'on se rencontre pour discuter, se disputer, boire et faire la révolution de la peinture sous l'égide du maître Manet qui avait son atelier au 34 rue des Batignolles. Cela se passe au café Guerbois, 11 Grande Rue des Batignolles (aujourd'hui avenue de Clichy). On parle de « guillotiner l'Institut », de renverser « l'insolente royauté des médiocres ».

 

Le groupe des Batignolles

Le groupe des Batignolles, Manet, Monet, Renoir, Bazille et leur amis critiques, que peint Fantin-Latour, "L'Atelier des Batignolles" (1870 Musée d'Orsay) est né là. Ce sont les Impressionnistes. Bazille peint.

Avec ses amis, Bazille cherche à représenter en peinture la transparence changeante de la lumière au gré du passage des nuages, de la vibration de ses reflets subtils dans une eau paresseusement mouvante, des scènes délicates de la vie en plein air, les baignades, les déjeuner. Tous ses efforts se retrouvent dans « La robe rose » (1864), « Réunion de Famille » (1867), « Vue de village Castelnaule Lez » (1868), « Scène d'été » (1869).

En 1870, Bazille s'engage dans un régiment de zouaves. Renoir, furieux lui écrit : « Trois fois merde, archi-brute ». Affecté à l'armée de la Loire, il sera tué à Beaune-la Rolande. Il avait 29 ans.

Date de publication: 
10 août 2013