Déjà en 2004, déCLIC dressait un bilan de ses interventions répétées pour réhabiliter l’avenue de Clichy. Ce texte est paru dans le Bulletin de liaison n° 14-15 Eté automne 2015.
Huit ans d’interventions, sans relâche, auprès des élus et des pouvoirs publics car l’avenue de Clichy, elle aussi, le mérite bien.
Voilà plus de huit ans, déCLIC 17/18 déposait ses statuts en Préfecture. À la suite de l’Association de Sauvegarde de l’avenue de Clichy, l’Association des Riverains de l’Impasse de la Défense et le Collectif Capron-Clichy-Défense, déCLIC 17/18 tente de poser dans toute leur globalité les problèmes dont souffre depuis trois décennies notre quartier. L’état calamiteux de l’avenue de Clichy reste le leitmotiv de son action. Mois après mois, elle apostrophe les responsables, épingle les manquements des uns ou des autres, alerte élus et media. Mais elle ne peut s’exonérer de ses responsabilités. En a-t-elle fait assez ? Avons-nous fait au mieux ? Quel bilan (provisoire) de cette quasi décennie pouvons-nous tirer ?
Rappelons-nous l’état du secteur Capron-Lathuille : un vaste terrain vague, à la place de vieilles bâtisses démolies peu à peu, propice à toutes les errances, jusqu’à un cirque qui, installé à quelques mètres des fenêtres des riverains, ne manqua pas de susciter gêne et réactions contrastées !
Rappelons-nous aussi le jardin des Deux-Nèthes, projeté depuis les années trente, inscrit au POS depuis 1985, inexorablement bloqué.
Rappelons-nous les piquets et les chaînes posés le long des trottoirs de l’avenue de Clichy pour empêcher les voitures de s’y garer, piquets bien vite descellés, par vandalisme ou pour favoriser les livraisons.
Rappelons-nous le parking sauvage, 37-39 avenue de Clichy, et ses épaves.
Rappelons-nous aussi que l’avenue connaissait le triomphe des friperies : 3 magasins entre la place Clichy et La Fourche, étalant 7 jours sur 7 sur le trottoir leur marchandise en vrac dans des cartons ou des portants, sur toute la largeur de la vitrine (quand elle n’avait pas été purement et simplement descendue) sur 2 mètres de profondeur. Les uns après les autres, après maintes difficultés et retards, les principaux points noirs du quartier furent traités. On ne compte pas les interventions de déCLIC 17/18 sur tous ces sujets.
Et l’avenue de Clichy ?
déCLIC 17/18 a persévéré dans sa stratégie d’alerte tous azimuts à l’intention de ceux qui ont le pouvoir de décider ou d’informer. Ainsi, en juin 1996, déCLIC 17/18 invita M. Vaillant, maire du XVIIIe, et trois de ses adjoints, MM. Caffet, Caresche, Lamy, à parcourir le quartier trois heures durant. Dans le mémoire qui leur fut remis, l’association signalait la dégradation du mobilier urbain, les étalages illégaux, les nuisances causées par les friteries, le stationnement sauvage. À cette occasion, elle proposait de construire une nouvelle école en lieu et place des locaux vides du Crédit Municipal, rues Cavallotti et Forest.
Améliorations de voirie en 1999
L’intervention de déCLIC 17/18 lors d’un CICA de la mairie du XVIIIe rendit possible une réunion de travail sur le terrain. En novembre 1997, entre la place et La Fourche, des élus, le Directeur de la Voirie de Paris nord-ouest, l’architecte-voyer, des représentants de la Police Nationale et déCLIC 17/18 étudient les améliorations souhaitables. Les mois suivants, le parking sauvage devant les numéros 37-39 est supprimé (trottoir élargi et aménagement stationnement 2 roues), un feu tricolore installé en face de Monoprix (qui sait que c’est à Déclic 17/18 qu’on le doit ?), les piquets de guingois et chaînes branlantes remplacés par des croisillons.
Les étalages sauvages perduraient, imperturbables, solides dans le non droit, bravant lois et règlements. Les services de la Ville assuraient que les commerces coupables étaient assujettis à de lourdes (?) amendes, payées ou non, mais bien inférieures aux bénéfices générés par l’occupation illégale des trottoirs. Lors de la réunion organisée en octobre 1997 par déCLIC 17/18 sur la sécurité, le commissaire central du XVIIIe, vivement interpelé sur ces commerces, se fait fort d’agir. Et, de fait, dans les 15 jours, les propriétaires des étalages illégaux de fripes sont enfin contraints d’appliquer le règlement, même s’ils les ressortent à l’occasion de longs week-ends. Ils avaient sévi pendant 12 ans !
La chute continue !
Mais, depuis la fin des années 90 et la mise au pas des plus graves contrevenants, l’appareil commercial de l’avenue de Clichy n’a connu aucune amélioration. Au contraire ! Continue de sévir un jeu de quatre coins entre différents types de commerce tout aussi bas de gamme. : multiples et éphémères boutiques de téléphones portables aux vitrines constellées d’affiches agressives et, plus récemment, taxiphones au décor aussi criard. Plus grave, pendant ce temps, de vrais commerces, ceux qui offraient boutique et assortiment soignés, continuaient de quitter l’avenue de Clichy, nous expliquant, soit qu’ils souffraient de la contagion d’image des boutiques bas de gamme, soit que les loyers commerciaux devenaient trop élevés.
Plus récemment, se multiplient les restos rapides, façon « coin du poulet », certifiés halal, résultat d’investissements anglo-pakistanais ou saoudiens, exemple de ce que les sociologues appellent un commerce communautaire : un magasin tenu par des représentants d’une communauté qui s’adressent en priorité aux membres de leur communauté. Un bon point toutefois, le reflux des friperies.
Et le contrôle des étalages ?
Si les services techniques de la Ville semblent davantage à l’écoute des attentes des habitants, leurs effectifs, toujours aussi squelettiques, ne leur permettent pas d’agir avec assez de vigueur pour faire respecter le règlement. La police nationale, elle aussi habilitée à dresser procès-verbal, ne semble pas, malgré une présence continue, pouvoir donner un coup d’arrêt définitif aux abus et aux multiples infractions au règlement. Est-elle peu motivée par cette ingrate tâche de police administrative ou absorbée par des enjeux jugés plus prioritaires ?
Désormais, l’emprise des étalages autorisés est matérialisée au sol par des plots métalliques. Rappelons qu’en cas de changement de propriétaire, fréquent avenue de Clichy, ce droit n’est ni cessible ni nécessairement reconduit. Les élus des 17e et 18e arrdts assurent que, depuis des années, ils ne donnent aucun avis favorable à de nouvelles autorisations d’étalage. Pourtant, ces six derniers mois, deux magasins côté 17e ont pu produire de récents certificats d’autorisation d’étalage aux habitants consternés des 2 immeubles dont ils occupent les rez-de-chaussée.
Alors ? ...
En 2001, une équipe municipale a succédé à une autre. Nous avons alors adressé un mémoire à M. Christian Sautter, adjoint au Maire de Paris, chargé des finances, après l’avoir rencontré en mairie du 18e. Dans un courrier à déCLIC 17/18 du 14/03/02, M. Sautter affirmait que « la réhabilitation du secteur Clichy reste une priorité des services municipaux, mais ne peut se faire sans la vigilance des riverains. Trop souvent, les baux commerciaux sont accordés à des commerces dont la nature porte préjudice à la qualité souhaitée pour le quartier et à des exploitants peu enclins à respecter l’environnement et la réglementation en vigueur. »
Nous souscrivons sans retenue à cette analyse. Mais M.Sautter ajoutait : « Je puis donc vous assurer que les services compétents maintiendront leur attitude de fermeté face aux commerçants réfractaires et que j’ai donné des instructions pour qu’ils poursuivent le plus souvent possible les contrôles inopinés sur l’avenue de Clichy ». Et là, force est de constater que les résultats ne sont pas à la hauteur de cet engagement. Ce qu’il faut, ce n’est pas maintenir la fermeté mais l’amplifier pour appliquer la réglementation dans toute sa rigueur.
Les conseils de quartier en écho
Depuis 2001/2, se sont mis en place les quatre Conseils de Quartier (CQ) dont dépend l’avenue de Clichy : Batignolles-Cardinet, La Fourche-Guy Môquet, Epinettes-Bessière, et Grandes Carrières-Clichy. Dès les premières réunions, il apparut que, parmi les intervenants, beaucoup ne s’accommodaient pas de l’état de déréliction dont souffrait depuis si longtemps l’avenue. Des adhérents de déCLIC 17/18, et d’autres aussi, proposèrent de réunir ces 4 CQ pour y débattre de l’état des lieux et des moyens à mettre en œuvre pour l’améliorer, avec les élus, des arrondissements comme de la Ville, et tous ceux qui sont susceptibles d’agir.