Nous avons reçu de Bruno Godard, organisateur de la "Fête du Livre" de la rue Davy ce texte sur l'édition 2017.
La quinzième année de la fête du livre fut sereine et joyeuse malgré quelques averses dissonantes. Guillaume Apollinaire était à l'honneur et la rue Davy se trouva en effet constellée de touches surréalistes.
Un jeune virtuose et son piano ambulant firent swinguer la rue entre deux ondées. Une flûte traversière et un violoncelle débordant de verve et de talent résonnèrent en duo aux oreilles attentives des chalands et des flâneurs.
A l'abri de la pluie, les vers du poète chantés et déclamés dans un café chinois au fond duquel, à rythme régulier, rugissait le percolateur dans un bruit de retombée de vague d'Okusaï. L'ami Guillaume, sourcier de l'art moderne, fut ensuite conté et raconté en conférence de rue itinérante qui partit, trotte menu, sillonner le quartier.
Enfin sous un ciel redevenu bleu, sur le seuil d'une alimentation marocaine, un quattuor de jazz fit s'envoler sur une portée aérienne mille et mille notes multicolores.
Quinze ans déjà, faut-il qu'il m'en souvienne...
Cette année encore, sur un parterre de livres, la fête se déroula sourires aux lèvres et regards complices.
Chacun sa pierre à l'édifice, chacun son empreinte pour une poètique de la rue. Bouquiniste d'un jour ou chineur ou badaud, musicien, poète, comédien vous avez tous contribué depuis 15 ans à la poètique de la rue Davy, simple rendez-vous annuel sans prétention, si ce n'est celle de faire planer en filigrane, une journée durant, ce sentiment commun de voir la vie en beau.
Voir la vie en beau dans une rue populaire de Paris, loin des calculs d'intérêts et de déterminisme économique, à mille lieues du PIB, du CAC 40, des fonds de pension, à des années lumière de la raison froide et glacée.
Bien que le monde d'aujourd'hui incite plutôt à la dystopie, gardons nos utopies, même en bandoulière.
A l'an prochain donc pour rallumer les étoiles
Bruno Godard- Responsable de l'organisation de la Fête du Livre de la rue Davy