Requalifier l'avenue de Clichy ? On dit : chiche !

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Si l’appareil commercial et le tissu économique portent profondément les stigmates du déclin de l’avenue de Clichy, il serait naïf de croire que leur amélioration résulterait des seules forces du marché. La dégradation générale de son environnement y a largement contribué.

 

Aussi, ce que d’aucuns appellent la « requalification » de l’avenue de Clichy nécessite une analyse fine de tous les aspects de la vie urbaine et appelle des solutions réellement innovantes. Nous invitons donc toutes les parties concernées à une réflexion approfondie sans précipitation, à une concertation sans arrières-pensées et à une réelle volonté de choisir. Pour ce qui nous concerne, voici quelques pistes.

 

Quelle unité pour l’avenue de Clichy ?

Longue, bordée de chaque côté d’une file d’arbres, l’avenue, artère vitale, s’élève entre trois quartiers aux caractères fortement marqués pour rejoindre le nœud-clé de communication du Nord-Ouest parisien : la place de Clichy. Sous la pression d’une circulation automobile toute puissante, la route départementale est devenue une barrière physique, dangereuse au piéton, et mentale, séparant les Batignolles des Épinettes et des Grandes-Carrières. Se resserrant du Nord au Sud comme un entonnoir, elle aspire et dégorge ses flux et reflux de voitures, cars et deux-roues motorisées. Ses principaux carrefours (Place de Clichy, La Fourche, Cardinet-Pouchet, Porte de Clichy) ne sont plus que champs clos où s’affronter. L’avenue a cessé d’exister pour elle- même, pour flâner, pour se promener, bref, pour y vivre. Elle s’est déshumanisée.

Pour retrouver sa belle unité rectiligne, l’avenue doit réinventer les chemins de traverse : des pentes de Montmartre par les rues Ganneron et des Dames, de l’avenue de Saint-Ouen au cœur de Monceau par la rue Legendre, de la rue de la Jonquière aux Batignolles par la rue des Moines, du Boulevard Bessières au Pont-Cardinet par les rues Pouchet et Cardinet, du square Léon Boulay au futur Parc des Batignolles. Reconquérir ces voies anciennes, c’est à la fois « recoudre » le XVIIe d’Est en Ouest et redonner vie au trait d’union que devrait être l’avenue de Clichy. En bref, inverser la problématique en favorisant les échanges inter-quartiers. Ce parti pris radical exige de développer enfin sur l’avenue une véritable priorité aux déplacements piétonniers et aux transports collectifs. Alors, oui, pourquoi pas un « axe civilisé » ?

 

Circulez, y’a rien à voir !

Avenue de Clichy, il n’y en a que pour la « bagnole », axe rouge ou non.

Pourtant, trois lignes de bus (81, 54, 74) y circulent et les lignes 31 et 66 la croisent, toutes indispensables à la desserte des trois quartiers et, au- delà, de la proche banlieue. Le 31 deviendrait, selon le contrat de Plan État-Région 2004-2007 et le PDUIF 2001-2005, une ligne Mobilien, plus rapide, plus régulière, plus fréquente : la refonte complète du carrefour Cardinet-Pouchet-Môquet ne sera pas une mince affaire si l’avenue est laissée de côté. Les deux couloirs de bus, dont un morceau manque de la Place de Clichy à la Fourche côté 18e, sont si mal surveillés et si peu respectés qu’il ne reste plus, pour tous les modes de transport, qu’une seule file de circulation. Pense-t-on un seul instant à la majorité des habitants (0,45 voiture par ménage), usagers captifs des transports en commun ? Gageons qu’une écrasante proportion des véhicules utilisant l’avenue ne s’y arrête ni ne pénètre dans les quartiers environnants.

Si, en surface, ça bouchonne, sous terre, ça bouchonne aussi : la ligne 13 du métro s’essouffle à absorber des flux toujours croissants. Pas facile de monter dans une rame déjà bondée à La Fouche !

Pas de miracle ! La solution existe, simple, évidente mais chère : débrancher la 13 à La Fourche en prolongeant la 14 depuis Saint-Lazare pour filer vers Saint-Denis ou vers le Port de Gennevilliers. Et cette situation qui dure et empire depuis dix ans pourrait durer encore longtemps. Sauf, si les JO 2012 aidant, on avait soudain honte des conditions d’accès aux quartiers du futur Village Olympique.

 

Au ras du bitume

Sous les pieds du promeneur, avenue de Clichy, un véritable patchwork de trois à cinq bandes de goudron juxtaposées au gré des travaux antérieurs apparemment menés sans plan d’ensemble. Rafistolage qui témoigne du laisser aller qui sévit sur cette avenue et depuis si longtemps. Pour voir ce qu’offrirait un goudron unifié et rénové, rendez vous devant le jardin des Deux-Nèthes. Cela change tout ! Le trottoir semble élargi ! Et, d’ailleurs, est-il interdit de rêver à un pavement central du trottoir par de véritables plaques de pierre, à l’exemple de la rue d’Amsterdam ? La qualité, l’avenue y a droit, aussi. Ce serait là un symbole de son changement de statut.

Par ailleurs, la suppression des contre-allées au nord et un traitement homogène sur toute la longueur de sa voirie et de son éclairage souligneraient l’unité fonctionnelle de l’avenue.

 

Faire le ménage

Rénover l’avenue de Clichy, c’est aussi faire le ménage sur les trottoirs. D’abord, régler les débordements des étalages, des terrasses, des enseignes et des auvents. Mais aussi supprimer les chevalets publicitaires et les présentoirs de journaux gratuits qui, illégaux, pullulent le long des vitrines des magasins, en bordure des grilles des arbres ou même en plein milieu du trottoir. Ces chevalets concernent non seulement les commerces de l’avenue mais aussi ceux des rues adjacentes : placés au croisement de ces rues avec l’avenue, ils indiquent un magasin qui peut être situé à une cinquantaine de mètres. Pourquoi ne pas concevoir, à l’exemple de Berlin, des oriflammes plus discrets, en hauteur ? Autour des présentoirs accrochés le long des grilles de l’avenue (des fois qu’on les vole...), s’accumulent ainsi « journaux » publicitaires, immobiliers notamment, prospectus et, souvent, déchets en tout genre. Dans les deux cas, les propriétaires ne sont pas bien difficiles à trouver ! Pourquoi laisser prospérer un tel laisser-aller ?

Enfin, vocation commerciale de l’avenue oblige, il convient de régler définitivement l’enlèvement des emballages et réprimer sévèrement les abus trop nombreux. Il n’est plus tolérable que la réglementation régissant les commerces de restauration rapide et de vente à emporter le gérant a l’obligation absolue de veiller à la propreté des trottoirs devant son commerce et dans un proche rayonn e soit pas appliquée.

 

Les yeux en l’air

Rénover l’avenue de Clichy, c’est aussi accélérer le ravalement des facades. Les ravalements sur l’avenue mettent souvent en valeur de belles facades en pierre de taille ou en pierre de Paris enduite et, par contraste, font paraitre plus médiocres encore les coffrages des magasins, leurs vitrines ou leurs enseignes (on se demande qui a pu autoriser un tel dévoiement), pour ne rien dire des étalages. Des secteurs entiers de l’avenue restent à traiter, entre les rues des Dames et Le Chapelais, Legendre et Moines par exemple.

Et les ravalements prochainement réalisés pourront-ils rattraper les erreurs trop fréquentes des années 1960-70 furent allégrement cimentées des façades en pierre de Paris enduite pour les défigurer durablement ?  Il faut reposer les rambardes en fonte moulée qui ont fréquemment été remplacées par du tube façon chauffage central ? Peut-on demander aux architectes de la Ville de veiller au retour à l’authentique à l’occasion d’un nouveau ravalement ?

Rénover, c’est aussi supprimer les dents creuses, celle du 21 d’abord. Voilà des années que nous avons interpellé à ce sujet la mairie du XVIIe, sans nouvelles depuis le printemps 2003.

Rénover, c’est aussi éradiquer les taudis et autres habitats insalubres. Le 121, par exemple, qui est un modèle du genre : ancien hôtel promis à une rénovation totale, il est laissé à l’abandon, squatté pour être finalement vidé de ses occupants illégaux et définitivement muré. Depuis, il exhibe sa façade hideuse et son rez-de-chaussée couvert d’affiches. Il y aussi ces nombreux rez-de-chaussée et/ou boutiques laissés à l’abandon, qui attendent la bonne âme pour être nettoyés.

Rénover, c’est enfin vérifier la légalité des enseignes lumineuses, des auvents et des marquises, contraindre les propriétaires à leur entretien, imposer leur harmonie architecturale avec le bâti. C’est aussi restreindre les panneaux publicitaires envahissants, d’autant plus gigantesques qu’on s’approche de la Porte de Clichy.

Bref, c’est une véritable cure de jouvence dont a besoin l’avenue.
De fond en comble !

Date de publication : 
22 janvier 2018