Promenade dominicale, ce 14 juin, au square de la rue Burq dans une impasse au dessus de la rue des Abesses, ce petit square qui fut charmant mais qui défraie la chronique depuis l'hiver 2019 quand les usagers ont découvert que les toboggans et agrès, qui faisaient le bonheur des enfants de 4 à 10 ans sur le plateau au fond du jardin ont été remplacés par une « cage à foot » réservée de fait aux seuls garçons (où vont les filles ?), à moins qu'elle ne soit occupée par des adolescents et de jeunes hommes qui, à l'occasion, tirent sur un joint pour se donner du cœur à l'ouvrage.
Cette belle initiative avait suscité un tollé, la mairie du XVIIIe avait dû organiser deux réunions publiques à l'école de la rue Lepic où la colère avait pu s'exprimer : sans résultat aucun.
Notre association déCLIC 17/18 avait pris contact avec le cabinet du maire. Las, nous n'avons pu savoir alors qui avait été à l'initiative de ce fait d'armes. Et cela dura.
Jusqu'à ce que, fin février 2020, Eric Lejoindre, maire sortant du XVIIIe que nous rencontrions comme les principales têtes de listes des XVIIe et XVIIIe arrondissements, nous confie que ce projet funeste avait été initié par son adjoint aux espaces verts qui avait traité directement avec la mairie de Paris, ajoutant : « Moi, je n'étais pas au courant... ».
Coup de chance, cet adjoint ne se représentait pas en position éligible au scrutin du 15 mars. Il était donc possible de revenir sur cette erreur sans se fâcher avec un allié potentiel.
Aussi, ce dimanche 14 juin, avisant un panneau « Permis de démolir » apposé sur la grille de ce jardin, on s'attendait à lire, enfin, l'annonce du démontage de cette « cage à foot ».
Eh bien pas du tout ! Il s'agit là de démolir le kiosque du garde !
On nous dira qu'il n'y a pas de garde dans ce jardin, que peut-être il n'y en a jamais eu. Comme il n' y a pas de garde dans le jardin des Deux-Nèthes, au 26 avenue de Clichy.
C'est un choix, visant sans doute à faire des économies. Et tant pis s'il y a de la casse : quel en est le coût ? Et tant pis s'il y a de la délinquance : quel en est le « coût civique » ?
Le kiosque du jardin de la rue Burq est un beau petit édifice en bois au toit de zinc qui doit mesurer moins de 2 m2 à proximité immédiate du bac à sable des tout petits et de l'actuelle cage à foot. Il aurait pu être dessiné par Alphand le créateur des parcs et jardins parisiens au XIXe siècle.
Faut-il vraiment le démolir? Ne peut-on imaginer qu'un jour, qui sait, la mairie de Paris comprenne la nécessité d'une présence dans ces jardins?
Trop tard, on aura démoli le kiosque du garde.
Détruire dit-elle.
Philippe Limousin