Heurs et malheurs des commerces de l’avenue de Clichy

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Une des enseignes qualitatives qui peuvent transformer l'image de l'avenue de Clichy

Si l’avenue de Clichy n’a pas toujours été telle qu’elle apparaît aujourd’hui, force est de constater que sa montée en gamme prend du temps. Les conséquences de la crise sanitaire que nous connaissons n’ont sûrement pas fini de se faire sentir sur la fermeture des commerces. Même si quelques éclaircies remettent ça et là le baromètre dans la bonne tendance !

 

Il y a plus de vingt-cinq ans, Déclic 17/18 naissait de la volonté d’une dizaine de riverains de l’avenue de Clichy de ne pas baisser les bras devant le délabrement commercial de l’avenue, escomptant que de petites victoires allaient peu à peu lui redonner le lustre qu’elle avait perdu. En effet, au cours du XXe siècle, entre restaurants et traiteurs, les bourgeois venaient depuis le centre de Paris en empruntant la « Batignollaise » fréquenter ce haut lieu de la gastronomie parisienne (voir sur le site déclic1718.org notre article « La période faste de l’avenue de Clichy » dans la rubrique Histoire). Jusqu’aux années 1970, cela valait aussi pour les habitants du quartier qui trouvaient sur l’avenue de Clichy les commerces et les services répondant à leurs attentes. Mais, en très peu de temps, cet appareil commercial a connu une importante dégradation : les commerces proposant des produits de qualité n’ont pas su assurer  leur succession et, sans doute, l’enchérissement des loyers a attiré des commerces bas de gamme ciblant une clientèle d’au-delà du périphérique. 

Résultat : on comptait jusqu’à cinq magasins de fripes qui étalaient illégalement leurs cartons sur les trottoirs, l’avenue était gangrénée par la voiture et les embouteillages incessants décourageaient les piétons.

 

Les espoirs nés de la réfection de l’avenue

La réfection de l’avenue, terminée en 2013, de la place Clichy à La Fourche menée après une concertation exemplaire à laquelle notre association a pris une grande part a fait naître de grands espoirs. Renforcés par la signature, en mars 2016, à l’initiative de notre association, d’une Charte de qualité des commerces de l’avenue de Clichy, cosignée par l’Hôtel de Ville, les maires des XVIIe et XVIIe arrondissements, la Chambre de commerce et Déclic 17/18. Qu’en est-il aujourd’hui cinq ans plus tard, ou presque ?

Malgré les « marches citoyennes avec des élus, le bilan est décevant. S’il faut se réjouir de certaines avancées : la modernisation du Monoprix de La Fourche qui en a fait un magasin tout à fait honorable, la transformation, au n°23, d’un ED miteux devenu Dia en un Carrefour City acceptable quoique nettement plus cher, la récente renaissance du fromager du 21 à qui on souhaite le succès, côté alimentaire le bilan est relativement maigre. L’ouverture très attendue en lieu et place du Crédit Lyonnais de La Fourche d’un magasin de produits bio Bio C’ Bon devrait mettre fin à plus de cinq ans de fermeture de cette surface de vente magnifiquement placée.

Plus au nord, la bonne résistance du Purity-Fort et l’installation d’une enseigne « Les nouveaux Robinsons » et d’un Carrefour de très bonne tenue au n°88 feraient presque oublier la verrue que constitue la façade du magasin Super U que l’on aimerait bien voir rénovée. Quelques magasins qualitatifs se maintiennent du côté de la rue des Moines et l’étal du marchand de fruits et légumes situé en face de la rue Brochant est toujours un régal pour les yeux. Enfin, il faut saluer tout au nord, près de la porte, l’ouverture d’un supermarché à l’enseigne Intermarché, un des rares à Paris.

 

Les kebabs succèdent aux kebabs

Côté restauration, ce n’est guère brillant : les Kebabs se succèdent, leurs enseignes rivalisant de vulgarité. On en compte 5 entre la place et la Fourche, un traiteur asiatique et un restaurant

pakistanais complétant l’offre, plus une boucherie halal. L’ennui naquit un jour de l’uniformité.  Quelques lieux proposent une petite restauration. Deux tabacs et quelques cafés qui étalent de petites terrasses sur les trottoirs encombrés fréquentés par les amateurs de jeux à gratter ne donnent pas vraiment envie de s’y arrêter pour boire un café. Leurs auvents constellés de crottes de pigeon et de lichen verdâtre mériteraient bien un coup de neuf…

Plus au nord, après la Fourche, c’est encore la domination des kebabs – certains ont installé des auvents non conformes clignotants pour qu’on les repère davantage. Des élus du XVIIe s’étaient engagés à les faire supprimer, il y a de cela dix-huit mois…  – avec leurs vitrophanies toutes semblables, vraisemblablement fournies par leurs grossistes. Un peu plus bas, en particulier au croisement de la rue Lacroix ou de la rue Guy Mocquet, les enseignes défigurent l’ensemble du pied de l’immeuble.

L’éclaircie est plutôt venue des enseignes de non-alimentaire. Si on déplore la fermeture de la Halle aux chaussures, due aux difficultés de l’enseigne plus qu’à la situation de ce magasin en particulier, la fin programmée de la présence d’une enseigne « Z » au numéro 22, l’arrêt de certains magasins qualitatifs comme le Monoptic et la transformation de bazars chinois en enseignes encore plus criardes, des progrès ont été réalisés. En témoignent le Centre dentaire, le magasin Fitshop de produits de fitness qui a remplacé Delaveine au n°58, l’agence Bonjour Oscar qui, au coin de la rue des Dames, a succédé au magasin Snipper dont le rideau de fer était tout un programme, le futur hôtel qui comblera, mais quand car la situation de l’hôtellerie n’est pas brillante en cette époque de Covid 19 (le permis de construire vient d’être prolongé…), la dent creuse du 15, la relative discrétion des trois magasins Guerrisol restants (le magasin Guerrida est actuellement fermé et cherche un repreneur). Au nord, un futur centre ophtalmo devrait remplacer le soldeur de livres au n°93. Et le Gifi qui a remplacé Tati, lui-même succédant à La Redoute, a rénové sa façade dans des tons plutôt neutres. Si la qualité reste celle de Tati, les prix, eux, sont nettement plus élevés. Plus on descend vers la porte, plus la situation des magasins semble stable et les enseignes perdurent un peu plus longtemps.

 

Des enseignes criardes et des vitrophanies agressives

Il n’en reste pas moins que l’avenue de Clichy souffre d’un mal généralisé : la mauvaise qualité des enseignes qui défigurent des pieds d’immeuble pour certains de belle qualité. Ces enseignes aux tons criards et aux matériaux bas de gamme, aux vitrines constellées de vitrophanies agressives et souvent hors la loi (les pharmacies n’échappent pas à cette tendance) dissuadent les piétons de flâner. Et pourtant, une autre politique est possible. En témoigne dans notre quartier la belle unité des magasins situés rue Lemercier entre la rue Clairaut et la rue des Moines qui ont tous adopté une couleur neutre et une signalétique élégante.

Ce qu’il est possible de réussir là-bas serait-il impossible à réaliser ici ?

Date de publication : 
24 novembre 2020